Quand Marcel Proust parle d'Albertine.
... Quelquefois, sans y penser, quand on regardait sa figure ponctuée de petits points bruns et où flottaient seulement deux taches plus bleues, c'était comme on eût fait d'un œuf de chardonneret, souvent comme d'une agate opaline travaillée et polie...où, au milieu de la pierre brune, luisaient comme des ailes transparentes d'un papillon d'azur, les yeux où la chair devient miroir et nous donne l'illusion de nous laisser plus qu'en les autres parties du corps, approcher de l'âme.
A l'ombre des jeunes filles en fleur.
Oeuf de chardonneret, photo Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Voilà donc à quoi ressemblait Albertine ! Deux ailes d'un papillon bleu achèverait le portrait avec élégance.
Où l'on apprend qu'il n'est pas bon de rêver d’œufs cassés.
Jean-Baptiste Poquelin dit Molière (1622 - 1673) fait allusion à ce mauvais présage par l'intermédiaire de deux de ses personnages ; Clitidas et Marcarille dans respectivement : " Les amants magnifiques " et " Le dépit amoureux ".
Les amants magnifiques. Acte premier. Scène 2.
<< ... Cette nuit, j'ai songé de poisson mort et d’œufs cassés ; et j'ai appris du seigneur Anaxarque que les œufs cassés et le poisson mort signifient malencontre. >>
Le dépit amoureux. Acte 5. Scène 6.
<< Les disgrâces souvent sont du ciel révélées :
J'ai songé cette nuit de perles défilées,
Et d’œufs cassés : Monsieur, un tel songe m'abat. >>
Oeufs de Pâques
Oeufs en chocolat moulés dans des coquilles vides d’œufs de poule.
Voici venir Pâques fleuries,
Et devant les confiseries
Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux.
Ils lèchent leurs lèvres de rose
Tout en contemplant quelque chose
Qui met de la flamme à leurs yeux.
Leurs regards avides attaquent
Les magnifiques œufs de Pâques
Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,
Magnifiques, fermes et lisses,
Et que regardent en coulisse
Les poissons d'avril, leurs voisins.
Les uns sont blancs comme la neige.
Des copeaux soyeux les protègent.
Leurs flancs sont faits de sucre. Et l'on voit, à côté,
D'autres, montrant sur leurs flancs sombre
De chocolat brillant dans l'ombre,
De tout petits anges sculptés.
Les uns sont petits et graciles,
Il semble qu'il serait facile
D'en croquer plus d'un à la fois ;
Et d'autres, prenant bien leurs aises,
Unis, simples, pansus, obèses,
S'étalent comme des bourgeois.
Tous sont noués de faveurs roses.
On sent que mille bonnes choses
Logent dans leurs flancs spacieux.
L'estomac et la poche vides,
Les pauvres petits, l’œil avide,
Semblent les savourer des yeux.
Marcel Pagnol 1895 - 1974
Extrait de : " Le grand dictionnaire de cuisine " d'Alexandre Dumas 1802 - 1870
Omelette aux fines herbes
Cassez des œufs dans un saladier, battez-les avec un fouet d'osier, mettez-y du persil, de l'estragon, des appétits ; battez-les jusqu'à ce que blanc et jaune soient parfaitement mêlés ; versez dans le mélange un demi-verre de crème et rebattez de nouveau, puis quand votre beurre commence à pétiller dans la poêle, versez-les dans le beurre ; les œufs s'étendront en moussant dans toute la circonférence de la poêle ; alors, avec une fourchette, vous ramènerez sans cesse la circonférence au centre en ayant soin que l'omelette reste liquide et que la chair ne s'en épaississe point.
Vous aurez un plat beurré de beurre aussi frais que possible, sur lequel vous aurez semé des fines herbes nouvelles et fraîches ; versez votre omelette dans ce plat et servez la baveuse.
Excusez le mot, mais chaque art a sa langue qu'il faut parler pour se faire comprendre des adeptes.
Dessin montrant A. Dumas faisant une omelette aux huitres ! Paru dans le recueil hebdomadaire n° 18 de la cuisine des familles du 22/10/1905
" L'ibis,
L'ibis au bord du Tigre
(ou de l'Euphrate)
Pondit puis se dit :
Bigre !
Si mon œuf rate ... "
Jean-Luc Moreau
Les poèmes de la souris verte